Statuts socio-professionnels & dépendances

Statuts socio-professionnels & dépendances

Fût un temps où le chômeur était pointé du doigt. Désigné de paresseux, parfois de poids pour la société, il subissait par ailleurs la double condescendance de ceux qui refusaient la stigmatisation en invoquant avec pertinence la responsabilité de facteurs exogènes. Bien sûr, être au chômage n’est généralement pas la faute de l’individu concerné. Tout simplement parce que ce n’est pas une faute. Revenir à l’instant présent permet de changer de paradigme.

Le chômage, un outil de classe ?

La gestion de la crise sanitaire dite du covid-19 l’a rappelé : il y a de l’argent pour tout le monde. Il est juste mal réparti et distribué de façon inéquitable au regard des besoins de l’humanité. N’oublions pas que nous parlons toujours d’un concept totalement artificiel pour lequel notre espèce omet parfois l’importance relative qu’elle lui accorde.
L’argent est une syntaxe des paradoxes du grégarisme. En caricaturant, il pourrait se résumer à un outil de gouvernance. Et comme gouverner par la peur s’avère aussi simpliste que bien pratique, autant le combiner avec le plus antique accessoire de distinction des classes, tripalium, le travail.
Les siècles jouant toutefois une drôle de tectonique sémantique, puisqu’hier le travail se faisait propre de l’esclave quand l’homme moderne (autant que sa congénère revendicatrice) engobe sa liberté chérie des teintes qui stigmatisaient jadis sa soumission.
Quoi qu’il en soit, le menu du jour affiche « chômage ». La recette est simple : travail + argent. On saupoudre de quelques épices médiatiques pour faciliter la digestion.
Une lecture marxiste anachronique pourrait nous pousser à voir le chômage comme un outil de manipulation des masses, un moyen d’entretenir lesdites populations actives sous pression face à une menace : celle de perdre son emploi. Ce serait revenir à cette lourdeur sémantique qui rabaisse l’individu à une fonction, niant son être. Encore une fois, revenons à l’instant présent.

Ce contexte qui nous meut

Être au chômage est une caractéristique contextuelle. Ce n’est pas une tare, un fardeau ou une maladie. C’est une situation, ni négative, ni positive. Chacun décide ensuite ce qu’il en fait.
Comme dans chaque situation, il nous appartient de l’aborder avec ambition, joie, enthousiasme, créativité ou autre… (ceci n’est toutefois pas une injonctions, ni un message contraignant).

Des opportunités

Dans certains cas, le chômage peut être l’occasion de rebondir, de se réinventer, d’imaginer un autre tournant à donner à sa carrière, de créer, d’imaginer, de donner vie à des projets, d’essayer de leur donner leur chance.
Certes, au chômage, nous n’avons pas d’emploi, pas de salaire…. mais nous avons du temps. Le temps de faire des essais, le temps de nous former, le temps de nous écouter, le temps de nous rencontrer.

Attention au verbe générateur : si pour vous les expressions sans emploi et chômage sont connotées négativement, abstenez vous de les utiliser et affirmez votre posture de créateur : en recherche, en reconversion, en transition. (Ces termes sont certes galvaudés voire tournés en dérision sur Linkedin, mais il s’agit d’abord de communication intrapersonnelle)

Qu’importent les réactions de l’entourage et de la famille, qu’importent les discours socio-médiatiques. Vous êtes acteur de votre vie. Au contraire, plutôt que subir des injonctions conscientes ou inconscientes, n’hésitez pas à demander de l’aide, à chercher l’inspiration, à proposer, à inventer…

Tout le monde n’est pas entrepreneur

Le mythe libertarien a bien vécu. Les conteurs se sont même resservis. La main invisible et l’autorégulation se sont bien gavées et ont bien ri de brandir les menaces d’une homogénéisation avilissante quand les leviers de l’ego, du manque et de l’envie étaient sans cesse actionnés, tels les roues des tables d’écartèlement.
Il n’y a pas d’égalité des chances quand les cartes ne sont pas rebattues entre chaque partie. Le talent et la chance ne se penchent simultanément que sur de rares berceaux. Tout naturellement, ceux qui détiennent une forme de confort lâchent difficilement leur place. Alors on invente la valeur travail, on la colle délicatement à côté d’un appétissant gâteau au chocolat dont il se dit qu’il a la saveur de la liberté.
Tout le monde n’a pas la possibilité d’être professionnellement un entrepreneur. Toutefois, il appartient à chacun d’entreprendre, à la hauteur de ses moyens et du champ d’actions qui lui est offert.